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L'Agrithéâtre

L'Agrithéâtre

le lieu culturel qui se construit avec ceux qui sont là


Virgilio prend les armes.

Publié par Agrithéâtre sur 11 Mai 2022, 09:54am

« Au peuple, les moyens de la production théâtrale »

Cette formule utilisée par Augusto Boal dans un entretien avec Émile Copfermann, est devenu le titre sous lequel celui-ci a été publié dans la revue Travail théâtral en 197715. Il s’agit de permettre au peuple non seulement de ne plus être maintenu à l’écart d’un théâtre bourgeois qui s’effectue contre lui, mais également de ne plus être soumis à un théâtre militant qui serait le fait d’acteurs professionnels, dont les pratiques, les intérêts et les positions adoptées ne coïncident pas systématiquement avec ceux du public auquel ils prétendent s’adresser. A l’origine d’une certaine méfiance vis à vis du théâtre militant professionnel se trouve notamment la fameuse (car décisive) rencontre de Boal et du Teatro Arena avec un paysan prénommé Virgilio en 1961, lors d’une représentation donnée pour la Ligue des paysans16. Le spectacle se termine sur l’exhortation des paysans à prendre les armes et verser leur sang pour chasser les propriétaires qui les exploitent. Virgilio, qui assiste à la pièce, très touché par le message des acteurs, vient les trouver pour les enjoindre à venir sur-le-champ, avec eux, chasser le propriétaire terrien. Devant la réaction décontenancée des acteurs, dont les fusils brandis sur scène sont en carton et qui ne sont ni aptes à se servir d’une arme, ni prêts à risquer leur vie pour soutenir les paysans dans leur lutte,

 

Virgilio conclut à l’hypocrisie des acteurs, dont la solidarité s’arrête au plateau et s’évanouit sitôt la représentation achevée. Cette rencontre révèle aux artistes de São Paulo venus prêcher une parole révolutionnaire dans les campagnes du Nordeste le caractère « surplombant » et « prescriptif17 » du théâtre d’agitation-propagande. Car c’est bien ce que reproche Boal au théâtre d’agit-prop, que de prétendre venir ouvrir les yeux au public populaire sur l’exploitation et l’oppression dont il est victime, de l’enjoindre à lutter et de lui expliquer encore comment mener cette lutte, sans pour autant que les acteurs s’adonnant à cette harangue ne soient eux-mêmes prêts à se risquer à la rejoindre et à assumer dans la rue ce qu’ils proclament sur scène. Cette rencontre a été mythifiée par Boal lui-même, qui en a fait un évènements fondateur de son parcours, à l’origine d’une prise de conscience des écueils du théâtre d’agit-prop. À tel point que le récit qu’il en fait tend à donner l’impression que le Théâtre de l’opprimé découle de cette rencontre, ce qui constitue cependant une version trop rapide d’un cheminement bien plus complexe. De cette rencontre il tire cependant un enseignement précieux, à savoir que pour que le théâtre soit un outil politique — c’est-à-dire outil d’organisation, de mise en commun, d’entrainement à la prise de parole et à l’action —, celui-ci doit être directement utilisé par ceux qui peuvent en faire l’usage dans leurs luttes, sans déléguer cette tâche aux spécialistes du théâtre que sont les acteurs professionnels.

 

Sophie Coudray

 

Augusto Boal a conduit le théâtre aux limites de son autodestruction. La « révolution » prôné par les marxistes de tout poil, est une fantastique erreur philosophique. De même que les idées des lumières naissent dans un contexte historique spécifique, le marxisme surgit dans celui de la mécanisation, et d’une sorte de construction fantastique de pousser « l’outil » au confins d’une logique de survit ( l’outil de l’homme pré-historique ) dont l’équation n’aurait comme unique solution que de libérer l’animal humain, d’une servitude pénible, par l’outilmachineintelligent qui va produire « le bonheur ».

L’ouvrier doit lui se libérer d’un maître suivant la dialectique hégélienne, et cette libération ne peut passer que par la mise en commun de « l’outil » de production, qui ne produit qu’une seule chose, un système d’administration des masses par la combinaison  de la propagande idéologique médiatique visant à convaincre le bien fondé de ce « bonheur » d’être à l’abri, sans besoin de «  se battre » contre un environnement naturel considéré comme hostile.

Quelles que soient les idéologies, fascistes, communistes, libérales l’homme reste prisonnier de « l’outil ». De la technique. Au point qu’elle devient religion, avec son cortège de prêtres, d’églises, de représentations, dont le théâtre est une pièce du puzzle.

 

Boal se sert du théâtre comme « outil », révélant par une habile manipulation idéologique une solution révolutionnaire. Et c’est bien sûr  encore un moment historique, dans cette époque donnée, et le moment actuel de l’intelligence artificielle, et de la cybernétique quantique actuelle, ne fait que continuer à nous conduire par la foi en la science, hors des sentiers d’une véritable existence cosmique.

Virgilio prend la représentation au premier degré, et en conclue que l'acteur est un hypocrite. Ce en quoi la seule leçon que lui donne Boal est d'un ordre linguistique puisque acteur se dit Hypokritès en Grec. 

 

Pour moi il n’y a de théâtre que comme « question existentielle ».

Cette question doit devenir populaire, par l’éducation de générations futures à d’autre mode de penser que ceux qui, malgré le génie du christianisme, n’ont fait que donner de nos existences des représentations ontico ontologiques bouffonnes et ridicules.

 

Un retour à la tragédie s’impose, car un retour du tragique est à l'oeuvre.

 

Benjamin Sisqueille

 

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