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L'Agrithéâtre

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le lieu culturel qui se construit avec ceux qui sont là


Chronique de relectures peu recommandables : Un regard sur Edouard Gordon Craig.

Publié par Agrithéâtre sur 10 Février 2024, 13:55pm

Edward Gordon CRAIG 1872 - 1966

Edward Gordon CRAIG 1872 - 1966

Les Ateliers ! Mais qu'est ce que c'est que ce truc, l'atelier?

Il y a dans cette société empêtrée dans sa dérive, des mots qui trainent, comme des débris d'un naufrage linguistique à la surface de la mer de l'insignifiance. Le théâtre en a un certain nombre, comme atelier, résidence, écriture plateau, populaire, médiation, amateur, subvention, répertoire, training, bref...Le théâtre a son jargon, plus ou moins snob, indicateur d'une mode, ou d'une modernité envisageable.

L'art de l'acteur comporte mains  vecteurs mais un tronc commun : l'instrument de l'acteur c'est le corps et la voix. Le corps" " incarne ", la voix projette " le texte ". La conscience de l'acteur se trouve au commandes de cette machine corporelle, et se trouve garante d'une psyché double. Pour le dire avec encore plus de précision un acteur qui joue est un schizophrène hystérique, pour employer le jargon psychanalytique.

Un enfant qui joue annonce le jeu, il distribue la situation et les personnages : " je serais le shérif et toi tu serais le bandit, tu te cacherais là, et moi j'arriverasi par là. etc..." Le "serai'(s)" n'est pas un futur de l'indicatif mais bien un conditionnel. L'enfant apprend naturellement par le jeu le conditionnel. De quelle condition s'agit t il ? C'est bien d'un contrat dont les "joueurs" s'engagent à respecter les termes. Le contrat est : je ne suis pas moi, et tu n'est plus toi, nous sommes autres, pour "du faux". Le vrai c'est d'être soi, le faux d'être "autre".  Mais quelle est la vérité du "soi", et dès lors être autre  , n'est ce pas une vérité autre de soi ?

On voit combien il est possible de se perdre dans ces considérations, d'où l'instrument corps-voix à travailler sans cesse. Ce travail permet à l'acteur de projeter devant "soi", un "autre" que l'on appelle personnage, et dont l'erreur est de chercher la psychologie. Le personnage ne peut pas avoir de psychologie puisque c'est de l'écriture. D'un auteur qui plus est. L'auteur a quant à lui éclaté, disséminé sa psychologie dans ses personnages. Molière est tout autant Dom Juan que Sganarelle. Le personnage a des humeurs, des sentiments, que l'acteur lui prête . Si l'on apprend la colère c'est pour la donner à Alceste, mais c'est bien sûr la colère "jouée" de l'acteur. Elle n'en demeure pas moins de la colère.

Cela revient dans l'art de l'acteur à oser donner son intime au regard du spectateur. Et c'est bien sûr là le plus difficile, c'est que cet intime doit être celui du personnage, et non un intime "naturel" de l'acteur, l'intime doit être travaillé. Et c'est à cette fin du travail de l'intime que des exercices sont pratiqués pour que l'acteur puisse puiser dans un corpus technique afin de modeler cet "intime" au profil du personnage. 

Quel est "l'intime" de lady Macbeth lorsqu'elle veut effacer le sang sur ses mains : "va t en tâche damnée ! ". 

Ce ne peut être le notre puisque nous n'avons jamais tué, ou fait tué, personne. L'intime du meurtrier nous est inconnu.  D'où l'impossible psychologie, telle que Stanislavski nous l'indique dans son art de l'acteur, repris par l'école Américaine de Lee Strasberg. 

Il semble bien que le cinéma ait bouleversé la pratique même de l'acteur. Les techniques Russes et Américaines ont donné des acteurs extrêmement performants, car ces méthodes sont bien sûr formatrices, mais le versant psychologique peut aussi faire des dégâts, chez le futur acteur passionné. 

Tous les acteurs le disent "le temps sur scène est différent", "on vie une deuxième vie", et cette observation est bien réelle, d'où une jouissance extraordinaire a faire cette expérience de l'actorat. La technique nous permet d'être à distance et de permettre au personnage de venir à nous et non l'inverse, car cette construction technique finit pas se mettre à "vivre" à travers nous. D'où la théorie de l'acteur super marionnette de Edouard Gordon Craig, qui a une vision passionnante en 1900 du théâtre à venir.

Je vous laisse avec quelques pages arrachées à ma lecture de cet homme qui continue à me questionner sur ma pratique, le théâtre et son enseignement.

Extrais de L'art de l'acteur d'EG. Craig
Extrais de L'art de l'acteur d'EG. Craig

Extrais de L'art de l'acteur d'EG. Craig

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