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L'Agrithéâtre

L'Agrithéâtre

le lieu culturel qui se construit avec ceux qui sont là


Il existe au théâtre une tradition de l'impossible

Publié par Agrithéâtre sur 10 Juin 2023, 22:47pm

Il existe au théâtre une tradition de l'impossible
Il serait une grande erreur de considérer le théâtre comme uniquement  la représentation devant un public, d’un texte joué par un acteur .  Cette définition est celle de l’acte théâtral que donne Grotowski dans le théâtre pauvre : Le théâtre est ce qui se passe entre un acteur et un spectateur. Le théâtre occidental, consommé grassement par des spectateurs payant leur place, reste désormais encore une volonté de représentation d’une psychologie entre des archétypes sociaux. Mais il a cette caractéristique d’être une représentation cathartique, ne faisant appel qu’à des vecteurs émotionnels sociaux chez le spectateur. Emotionnel esthétique.
 Ce théâtre est celui que je me vois contraint de pratiquer, car pousser plus loin la recherche avec des amateurs non avertis, et s’interrogeant sur la question de l’acteur ne peut qu’être mal compris. A moins d’un véritable désir chez les protagoniste de dépasser un stade «  bourgeois » du théâtre, qui ne fait qu’installer dans nos sociétés occidentales l’opinion d’une illusoire sécurité qui maltraite notre créativité, donc nos désirs profonds, et par là même cette  animalité que le langage humain de fait nous enlève, nous faisant croire en la supériorité de l’espèce.
 Des chercheurs comme Eugénio Barba, venant de l’école Grotowskienne, ont exploré dans ses profondeurs culturelles cette question théâtrale, non sur un point de vue exclusivement théorique et politique, mais sur un plan Anthropologique.
La parade amoureuse de certains oiseaux est d’une complexité corporelle et esthétique hallucinante. D’où vient cette pratique ? Que se passe t il entre la femelle et le mâle ? Mais aussi entre les mâles, dans ce sens où le combat des mâles pour la conquête d’une femelle, peut être mortel, où installer une relation Dominant- dominé, Supérieur – humilié .
On peut en revenir à la guerre dont la paix, dit lévinas, n’est qu’un moment.
J’en viens bien sûr, du point de vue de ma formation Grotowskienne, à me dire que le théâtre, qu’il soit professionnel ou amateur, n’explore plus ces choses, donc une certaine pré-expressivité. Pré-expressivité que d’autres cultures maintiennent, le théâtre Balinais, Indien, Asiatique, qui ont des codifications issues d’une tout autre transmission, très ancienne, primitive. Qui précisément mettent la perception du spectateur sur un plan originaire et non culturel. Du coup il y a « culture » mais non au sens où celle de l’occident se drappe de vérité, de sagesse, et de concepts.
Notre civilisation, dans sa pulsion colonisatrice et ses certitudes scientistes,  mondialise.  Mais le monde dans son unité terrestre, ne peut pas être humainement mondialisé. C’est être aveugle à nos pré-expressivités, que nous expose cette mondialisation. Le geste construit et détruit les corps, mais aussi écrit la terre, dans sa diversité climatique, ses constructions techniques, aussi sur l’invisible. Le silence est indispensable, et peut être que cette composante du théâtre a été nié dans notre rapport à la représentation. La mondialisation ne peut qu’être l’instrument d’une dé-corporalisation du vivant, et de la destruction pure et simple du langage, donc de la parole, de l’art, de la vie, de tout ce qui nous fait autre.
Continuer à chercher le sens de nos vies, de la vie, et non jouir bêtement de plaisirs à bas prix, et de relations plates, conventionnelles et de discours nourris d’opinion, voilà le but que nous devons certainement nous prescrire au théâtre, plutôt que cette quête de reconnaissance et ces applaudissements convenus.
Eugénio Barba et Julia Varley avec leur fondation aident cette recherche chez ceux qui explorent encore, dont l’Agrithéâtre fait partit. C’est une aide intellectuelle, spirituelle. Ils interrogent le corps et la voix, depuis plus de soixante ans dans l’anthroposcène si je puis me permettre ce Barbarisme orthographique. Ils restent à mes yeux les tenants d’une pureté théâtrale qui disparaitra avec eux.  Ils ont aujourd'hui plus de 80 ans, et leur vitalité est intacte. 
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