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L'Agrithéâtre

L'Agrithéâtre

le lieu culturel qui se construit avec ceux qui sont là


Lecture de l'Hôtel des Amériques, mise en espace sonore par Eliane Davy

Publié par Agrithéâtre sur 29 Mai 2023, 10:19am

Lecture de l'Hôtel des Amériques, mise en espace sonore par Eliane Davy

Je parlerai du théâtre, de cet art, comme toujours, qui me questionne et que je questionne en tant qu’auteur, que metteur en scène, que spectateur. Cette question d’une culture élitiste et populaire se solutionnerait elle par une double vitesse, une séparation socio culturelle, ou bien pourrait elle se résoudre, ou du moins entrevoir des directions de ses solutions en notant que l’intellectualisme dans la culture est effectivement un accès esthétique qui demande une travail d’ approche de la culture universitaire et sa critique. Et que ce qui va attirer le peuple, et l’emploi de ce mot ne peut que faire appel à la division en classes, est une culture de l’opinion, soit quelque chose qui fait se rejoindre les avis, et agglutine une pensée populaire au détriment d’une véritable pensée questionnante, en général celle d’une élite, anciennement aristocratique en vérité, et qui de par sa position engendre, conduit, et fabrique le peuple et son opinion. En ce sens les religions et leurs  églises, se font très vite complices et s’associèrent aux aristocraties, pour leur intérêt, mais semble t il  dans un réel  soucis de gouvernance de ce « people, peuple » qui peut paraître finalement une solution à cette « humaine condition » dont il ne semble pas que nous puissions sortir indemnes désormais à moins d’une transfiguration de l’être en « devenir machine » afin d’éterniser une diaspora de l’être, non de l’espèce. Au risque bien sûr que ce projet des aristo-sciento-logistes » de ce siècle ne soit qu’un fantasme dont la réalisation est irrémédiablement mortelle.

Ma présente interrogation est provoquée par deux de mes textes, l’un récent, classique récit, avec personnages et histoire, monté par moi-même, et l’autre ancien, nécessitant un type d’approche cultivé différente, du spectateur comme des acteurs.

Autant Alceste et Jeanne a reçu un accueil très enthousiaste et a réunit tout les genres de spectateurs, peut être parce qu’il a un style « récit » voire « série » dans lequel tous ou presque se retrouvent : une famille qui se divise car les intérêts des uns et des autres changent, et que son effondrement est accéléré par les conditions révolutionnaires de l’époque. La réflexion intellectuelle qui y est questionnée étant reléguée à l’inutile dans et par  l’urgence d’un pragmatiste salvateur qui ressemble à l’attente des « gens d’aujourd’hui ». Donc le texte rassemble.

L’Hôtel des Amériques rejoint la question de Kafka sur la vérité et le mensonge, comment le langage dans sa volonté, sa possibilité de dire la vérité s’obstine il à mentir. Quant au fait de dire « je t’aime » est il une aporie, un mensonge absolu, ou une possibilité que l’on doit arracher à cette « humaine condition ». Toute la logique, la grammaire, l’histoire, la linguistique, la philosophie, la théologie, la métaphysique ne sont que des produits du logos, donc de cette impossibilité à régir une vérité impossible et réagir au mensonge absolu d’élites désormais asservies à ce même logos.

Le remarquable travail d’Eliane Davy et de ses acteurs reçu  par un public de théâtre avertit, et sensible à « l’inquiétante étrangeté » du texte « Hôtel des Amériques », a eu un succès très surprenant pour moi, l’auteur. Public enthousiaste, mais interrogateur aussi . Quel est ce théâtre- lecture, cet anti texte, ces non dialogues, cette non histoire, et ces plateaux différents qui se succèdent convoquant sans s’y méprendre Frantz Kafka et Miléna, sa traductrice, comme toile de fond d’un film muet qui serait le théâtre lui-même. Encore faut il en percevoir les Arcanes.  En ce sens, la mise en « presque scènes » de la lecture spatialisée qu’offre Eliane Davy touche, peut être à son insu, elle pourrait nous le dire, l’entre-lettres de la correspondance Kafka Miléna, avec la cohorte  des fantômes du discours convoquant la danse du silence, qui apparait en noir, comme l’encre de la correspondance de l’Austro-Hongrois et de la Tchèque. Et cette vision avait, il y a vingt ans maintenant, conduit mon écriture. Qu’un metteur en scène ait réussit à ce qu'un public ait perçu, ait été traversé tant soit peu par cette trace m’a surpris, bouleversé et conforté dans mon travail d’artisan non subventionné, continuer à creuser une écriture, élitaire pour tous, en convoquant tous les publics dans le lieu Agrithéâtre, et favorisant des entreprises artistiques comme celle d’Eliane Davy, dans une liberté d’agir dont elle seule peut témoigner.

Cette attention exceptionnelle offerte par ce lieu est reconnue désormais. Elle est constituée par l’addition des forces artistiques libres qui y convergent.

L’Agrithéâtre est un lieu culturel libre, qui, s’y l’on y prête soin, devient un lieu culturel populaire qui interroge La Culture, plutôt que d’en dispenser son  hersatz comme le fait la bien-pensance idéologique mais aussi une maladresse populaire.

Un massacre en règle de la pensée est à l’œuvre partout, et si nous n’y prétons garde, elle conduit à une destruction des civilisations, et ses prêtres à des églises barbares. Le théâtre doit contribuer non à pas à conserver les textes, mais à retrouver son vecteur politique qu’il abandonne au profit du divertissement de masse, tout en conservant son train train institutionnel à la solde du pouvoir.

 

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