Il y a de toute évidence en campagne aujourd'hui, plusieurs types de populations sédentaires. La paysannerie, vieillissante, un prolétariat ouvrier généralement constitué de fils de paysans qui continuent d'ailleurs plus ou moins à entretenir la campagne avec les tracteurs des anciens,, des retraités venus des villes, et une population dite néorurale diversifiée cherchant en campagne une qualité de vie, un autre rapport à la nature.
La société rurale est bouleversée par son vieillissement , la disparition de l'agriculture familiale, et l'arrivée de population urbaine, qui "mite" le paysage par des lotissements , installant des lambeaux de ville dans le paysage.
Le rural, celui qui reste, l'autochtone, maintient avec la nature des rapports originaux, parce qu'il a une connaissance familière de son espace, qui est l'espace de son enfance, de sa communauté, de ses loisirs, de son travail encore.
Il existe ainsi un fossé entre le rural et ceux nommés périurbains, primos arrivants, néo ruraux.
Ce fossé peut confiner au racisme, à la réciprocité d'un mépris qui conduit à des replis communautaires, les ruraux excluant toute initiative néorurale, qui bien que bien intentionnée, n'en constitue pas moins une agression de la ruralité. D'ou la conception d'un "avant c'était mieux" qui mène souvent au repli nationaliste comme solution à tout étranger, y compris le citoyen néorural. Il y a bien sur des exceptions, des initiatives qui sont aussi les bienvenues, et cette situation n'est pas aussi radicale que je la décris.
Nous assistons cependant à un carriérisme politique des élus locaux, qui voient dans ce changement des opportunités multiples d'occuper des postes de directions diverses au sein des communautés d'agglomérations qui rognent le rural. Ces élus issus du rural, enfants du Pays, deviennent les fonctionnaires d'une bureaucratie totalitaire, alors qu'eux même décrient celle de Bruxelles. Le citoyen, rural ou néo, finit par voter pour des leurs qui font une politique totalement contraire à leurs souhaits, peut être même inconsciemment, l'argent faisant le reste.
Les aspirations écologiques des générations des années 70 sont avalées par le marketting ambiant de ce siècle, et les annonces comme sortir du nucléaire ressemblent à des mots d'ordre de publicitaires. Sortir du nucléaire voudrait dire sortir d'une consommation énorme d'electricité qui actuellement ne parait pas réaliste. Il faudrait alors entièrement repenser un fonctionnement social avec sa production ses échanges et sa place dans un avenir planétaire résoluement tourné vers le vivant et l'éros.
Nous sommes à l'aube de tactiques génocidaires résolument modernes, issues du nazisme, et d'une gestion privée des territoires. A savoir de la mise en place d'une misère humaine contrôlée, et d'une expropriation totale du sol, et du sous- sol. Donc pour la première fois dans l'histoire d'un totalitarisme bureaucratique robotisé, coupant l'homme de son être homme et de son origine. Donc de toute culture.
C'est de palier à cette dérive dont il est question dans ce blog, à travers des initiatives culturelles nouvelles, sérieuses et collectives. Refuser le morcellement des liens. Reconsidérer des utopies infantiles pour aller vers des projets visant à se réapproprier le bien commun, en dé- territorialisant le politique, et en se faisant les auteurs de notre gouvernance, de l'éducation, de la culture, du sol, de toutes nos énergies, sans concessions à un marché mondial du non sens.
Construire un théâtre en rase campagne, dans une grange qui n'accueille plus ni foin ni machines, ramener de la vie dans des hivers longs, cela devrait il être soumis à des autorisations administratives particulières ?
Refuser la norme c'est créer de la vie.
Benjamin S.
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Ne nous méprenons pas sur mes termes et sur celui de norme en particulier.
Ne nous méprenons pas sur mes termes et sur celui de norme en particulier.
Un grand homme de théâtre que j’ai eu la chance de croiser, puisque je suivais ses cours à Ivry, Antoine Vitez, à la belle époque où il professait dans les banlieue populaires, cet homme de théâtre a dit : élitaire pour tous. Un théâtre qui élève la pensée en quelque sorte, et fait pour tous, à savoir : un théâtre populaire. Le théâtre bourgeois lui, est bourré de références au théâtre lui même, et c’est de la connaissance de ces références que jouit le spectateur de l’élite. Et non d’un acte poétique constituant du lien et une culture ( ce qui est un pléonasme).
Quand je dis être hors normes cela signifie que je souhaite, en tant que conseiller artistique de l’Agrithéâtre, un lieu culturel très éclectique, avec une pensée en marche. Notre civilisation occidentale se trouve à un tournant qu’il est bon de « penser », il nous est nécessaire et vital de poser les bases d’une réflexion sur l’époque et peut être même ( et surtout ) sur nos origines. Notre « Lot » est très approprié à cela puisque foisonnant d’art pariétal. Gainsbourg disait « sous le soleil exactement, pas à côté, pas n’importe où, juste en dessous ». Et ici, nous sommes à cet endroit de l’humanité, un endroit idéal pour réfléchir à nos devenirs, et y entamer une nouvelle transmission, pour d’autres générations. Il semble incontournable qu’une mutation soit en cours, et la jeunesse elle même n’est pas toujours préparée à penser cette mutation, les vieux encore moins. Peut être que certains artistes et intellectuels de terrain pourrons nous y conduire, et c’est notre projet.
Donc être hors normes, c’est ne pas suivre cette uniformisation de l’être que la production consumériste nous propose. Mais proposer des échanges libres, hors normes donc, un poulet qui n’est pas lavé au javel par exemple, un débat sur la mort, l’avenir du numérique, de l’écriture, parce que le principe de précaution visant au risque zéro est un mensonge, et que ce que les lobbies de l’image nous conduisent à penser ne sont que des techniques de soumission à une dictature bureaucratique mondialisée, par précisément le concept de norme.
Le concept de norme ne fait que prétendre répondre à une question plus complexe qui est celle de l’angoisse.
Refuser la norme c’est :
Résister à la dictature bureaucratique
Ne pas se soumettre à des obligations stupides, que font appliquer les agents d’un système qui n’a plus de sens.
Se réapproprier le bien commun
Reconstruire notre espace social sur des bases d’échange dont l’évaluation est libre.
Quitter la loi dite du marché qui n’est que la loi des puissances boursières.
Quitter la norme est un projet politique qui demande du sérieux du courage et une conscience. C’est aller vers une autonomie de l’être et non son atomisation.