Je donne à lire ci joint un mail de Jacques Destruel, qui nous fait part de l'intégrale de son article que la dépêche a censuré. Edifiant sur la presse, les élections, et la culture.
Benjamin,
Modeste correspondant pour la presse locale, j’ai fait l’annonce des représentations à venir pour la DDM (qui m’a sollicité) ainsi que pour la VQ (en accord avec C. Lacam). Si la parution de la VQ a bien eu lieu, il semble que la DDM l’ait zappée malgré une relance de ma part....
J’ai donc assuré le compte-rendu pour le compte de la DDM et me suis abstenu pour la VQ, ayant appris que cette mission était réservée...
Je ne prétends pas être au rang d’un critique littéraire, théâtral ou artistique. Je tente cependant de livrer un compte-rendu le plus juste, le plus sincère. C’est difficile de le faire en moins de 1 200 caractères (c’est l’un des formats d’articles DDM). Craignant la concurrence des législatives ainsi que la survenance d’un record de pêche ou encore la cueillette surprise de cèpes (qui exigent de l’espace), j’ai opté sur un article de 1 200 caractères sans photo afin d’échapper aux coupes sombres d’un censeur prenant conscience de ma sobriété d’exposition.
L’article est paru aujourd’hui, étriqué sur une colonne et bien caviardé au point que ma frustration me fait me justifier en livrant ci-dessous le texte intégral. Je vais encore réagir auprès de la rédaction, mais je sais que ce sera en vain...
Nous avons passé une bonne soirée de théâtre et j’ai bien perçu qu’il en était de même pour l’ensemble du public.
Bien cordialement,
Jacques Destruel
Leçon de vie à l’Agrithéâtre
B. Sisqueille trace son sillon à Francoulès avec l’Agrithéâtre, lieu de partage et de réveil de nos consciences. Ce lieu culturel “qui se construit avec vous” est en effervescence du 11 au 17 juin avec les représentations à guichet fermé de la dernière pièce écrite et mise en scène par B. Sisqueille jouant le rôle d’A. Artaud dans “La cravate bleue”. Les spectateurs sont confrontés à l’univers d’un asile ruthénois en 1946 dans lequel A. Artaud est interné depuis 3 ans. La folie sous ses divers aspects échappe à la raison en dehors de laquelle il n’y a pas de salut pour le commun des bien-pensants cartésiens. Où se trouve la frontière entre le génie artistique et créatif et la folie ? Alors que nous sommes rassurés par ce qui est convenu, prévisible, l’artiste existe s’il dérange. Le thème n’est pas réjouissant, l’ambiance est plutôt sombre, mais le traitement du sujet, le jeu exigeant des acteurs, la mise en lumières ont séduit le public et l’ont amené à partager l’impartageable. Les consciences réveillées des spectateurs restés sur le parvis ont longuement tissé des échanges. Cette mission que s’est donné B. Sisqueille est encore pleinement accomplie. Chapeau les artistes !
Cher monsieur Destruel,
L'artiste dérange un ordre établit des choses. Il se trouve qu'Antonin Artaud répond dans le spectacle lui même à ce genre de censure. Qui est plus de l'inculture que l'obligation territoriale conservatrice d'une presse régionale.
En effet, réveiller la conscience est la fonction du théâtre et je m'y emploie depuis plus de trente ans dans mon métier, ce qui m'a conduit à refuser "la carrière" qui demande des compromissions politiques. Je pense que si je faisais partit de la mafia théâtreuse Lotoise, ce problème n'aurait pas eu lieu.
Merci de votre participation pour une presse non censurée.