Histoire de rencontre
Phillippe et Elyane se rencontrent par leurs respectifs passages scéniques à l'agrithéâtre, l'un dans ses lectures passionnantes des auteurs Africains, l'autre en embarquant sur le Pequod, bateau du capitaine Achab, poursuivant Moby Dick. De cette artistique rencontre nait un désir de lire. Et que ce soit Quichotte ne peut que nous ravir, d'autant que nous tenterons de faire de ce projet une lecture en épisode, qui nous fera traverser les aventures du chevalier à la triste figure.
Il s'agit pour eux de mettre en mouvement leur projet et ils nous y invitent.
Suivons les donc
PREAMBULE A LA LECTURE PUBLIQUE DE
DON QUICHOTTE DE LA MANCHE
par Eliane Davy et Philippe Sahuc
qui aura lieu à l’Agrithéâtre le vendredi 25 Juin à 20h
(1er livre publié en 1605, 2ème livre en 1615. Cervantès meurt en 1616 à l’age de 69 ans).
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Eliane : C’est à la faveur du 1er confinement, il y a un peu plus d’1 an, que j’ai relu Don Quichotte . En quelle belle compagnie j’étais ! en ces temps d’enfermement et d’inquiétude.
Philippe : Il y a 20 ans , « déporté » pour quelques années à Paris, j’avais peuplé mes soirées par la lecture de Don Quichotte, mais un peu trop dans le rythme de lecture effrénée d’une bande dessinée.
E : Les aventures romanesques « multiples et variées » que vivent Don Quichotte et Sancho Panza sont connues de tous plus ou moins, tu ne penses pas ?
P : Celle des moulins que Don Quichotte prend pour des géants est en tête !
E : Celle des forçats en route pour les galères montre la noblesse d’âme de notre chevalier qui les libère ……. à son grand dam.
P : Et celle de la grotte de Montésinos dans laquelle il descend … Quelle étrange aventure épique…
E : Où au final personne ne sait la part de réalité et de rêve…. C’est là que nous emmène Cervantès, dans le monde de l’ambiguité….
P : Oui, il y a toutes ces aventures dans les 2 livres, mais Don Quichotte c’est aussi toute la délicatesse du langage quand il s’adresse aux autres avant tout pour les servir.
E : délicatesse du langage, et folie du personnage tout de même ! Sa monomanie l’amène à faire revivre la chevalerie errante dans un monde ….. qui n’est plus celui des livres ! Et c’est la puissance contagieuse des livres qui empoisonne notre chevalier errant, il va se heurter par conséquent au monde prosaïque dans lequel il vit.
P : Oui ! il déchiffre le monde à partir des codes qu’il a trouvés dans les romans de chevalerie, codes qu’il a complètement intériorisés. Cette folle extravagance en fait sa grandeur. Quand il trouve des aventures à vivre , il les vit jusqu’au bout : Les géants, des moulins ? Que nenni ! c’est son ennemi l’enchanteur Freston qui a transformé les géants en moulin « pour lui ravir l’honneur de les avoir vaincus »…... Alors qu’aujourd’hui on se dit vivre dans un monde désenchanté, aurions nous vraiment envie de retrouver des enchanteurs ?
E : Don Quichotte n’est jamais ébranlé par ce que lui renvoie la réalité. La littérature a un pouvoir fracassant sur la vie !
P : Cela dit, hors sa monomanie, le chevalier « à la triste figure » fait preuve d’une grande lucidité, que l’on entend parfois au détour d’un dialogue. Ah pouvoir arborer une figure qui tranche parfois avec la féroce jovialité…...
E :A propos de dialogue, le livre de Cervantès en est presque totalement composé. Tu sais que notre auteur a eu la passion du théâtre, il a lui même écrit 7 ou 8 pièces, jamais montées de son vivant.
P : Cervantès a eu une longue vie et a publié la première partie de son roman à l’age que j’ai aujourd’hui ! Moi que l’on surnommait Don Quichotte lorsque j’avais 16 ans, et aujourd’hui encore quand je suis clown.
E : Propos savoureux entre Don Quichotte et Sancho Panza ; Mise en abyme du roman dans la 2ème partie, (délicieux!), conversation très sérieuse sur la fiction que notre chevalier aborde avec un chanoine entre autres.
P : En effet, le roman de Cervantès questionne depuis son centre la valeur du roman, « ces fables mensongères ». Qu’est-ce que le réel ? qu’est-ce que la fiction ? La question, toute théorique, s’inscrit à partir du cheminement même du héros. Et cette pratique ne s ‘était jamais vue ni lue avant Cervantès.
E : C’est pour cela que je ne sais plus qui a dit que Don Quichotte de la Manche, c’était non seulement les aventures romanesques, mais aussi les aventures DU romanesque ! P :Les dialogues entre les personnages les font exister pleinement. La dimension imaginaire occupe tout entier le héros. Il s’exprime, il s’invente au fil des événements, et décide lui même de son parcours, et nous fait part de ce qu’il ressent. Il n’y a plus, comme avant, d’auteur surplombant, écrasant et moralisant.
E : Et cette distance entre l’auteur et ses personnages est accentuée par des auteurs fictifs derrière lesquels Cervantès se dissimule.
P : Alors ? On s’y colle à ce projet ? Une lecture à voix haute, vivante et passionnée de « L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche » ?
E : Allons y !
Mais précisons plusieurs choses : La lecture aura lieu à L’Agrithéâtre. Elle se déroulera sur plusieurs mois, elle ne sera pas intégrale mais néanmoins une partie importante sera couverte. Nous privilégierons les dialogues entre Don Quichotte et Sancho Panza bien sûr.
P :Nous serons 2 lecteurs et chaque séance durera à peu près 50 minutes. Séances qui reviendraient toutes les 3 semaines et si les gens le souhaitent , nous échangerons après la lecture.
La 1ère aura lieu le vendredi 25 juin à 20h à l’Agrithéâtre.
Au plaisir de vous rencontrer !
Eliane Davy et Philippe Sahuc.