« Ainsi la plus avantageuse impression des meilleures tragédies est de réduire à quelques affections passagères, stériles, et sans effets, tous les devoirs de l’homme, à nous faire applaudir notre courage en louant celui des autres, de notre humanité en plaignant les maux que nous aurions pu guérir, de notre charité en disant aux pauvres : Dieu vous assiste ! » Rousseau – Lettre à d’Alembert § 29
Les questions que pose Rousseau, dans sa lettre à d’Alembert sur les spectacles, semble encore aujourd’hui faire écho à notre théâtre institutionnel, qui n’est que le reflet de notre politique. L’état général de celle de la France, ressemble à un chaos fractal, où chaque tendance reprend les échos de l’opposée à son compte, déduisant des corollaires dont l’absurdité n’a de réalité que l’impossible vérité des causes qui ont donné naissance à la tendance même.
Du coup nous arrivons à un degré d’énoncés linguistiques qui font appel à des vocabulaires qui s’auto engendrent joyeusement à coup d’anglicismes managériaux, et nos politiques, à cours et d’idées et de mot, s’engouffrent dans des corpus vulgaires pour affirmer une sorte de post-politique, qu’ils font passer pour un progrès. Alors qu’il ne s’agit que de voies réactionnaires, sorte de « retour vers le futur » extrêmement stupide, stigmate de leurs impuissance à endiguer la sommes des erreurs produites par les dérives libérales, et les vérités scientistes qui les accompagnent, qui déferlent sur nos devenir, comme un Léviathan incontrôlable.
L’information elle même, devient désormais pure propagande. Elle empêche toute réflexion autre que celle voulue par un système qui impose au sein même de notre penser des axes de réflexions qui ne sont que des implantations de principes d’oppositions et conduisent à donner du sens aux pouvoirs à l’œuvre, au lieu de proposer d’autres logiques, et peut être même celles d’effets sans causes.
Malheureusement nos intellectuels médiatiques en sont loin. Il s’agit toujours d’une pensée scolastique et cartésienne, avec la science pour Dieu, et les mathématiques comme évangile.
Notre propos cette année, qui viendra après l’élection du « grand responsable », est celle d’une chronique locale d’époque, la révolution française dans le Quercy. Pourquoi ce choix direz vous ? Parce que précisément, ce moment de l’histoire est un basculement, qui s’opère dans la violence des certitudes. Ces certitudes sont celle d’une époque suivant de grandes réflexions, celles des lumières, qui s’adaptent à des problèmes du moment , prix du blé, famines dues aux mauvaises récoltes, domination écrasante des privilèges , soumission des pouvoirs publics aux dictats d’un clergé, pauvreté et misère de la paysannerie majoritaire etc… Problèmes eux même hérités d’un passé seigneurial succédant à l’effondrement des empires, et à la renaissance d’une noblesse dite éclairée, mettant les artistes à son service. Si nous comparons les mouvements politiques de ces époques et de la notre, nous pouvons noter quantités de similitudes . Nous sommes en train, aujourd’hui, de perpétuer le même type d’erreur dans nos choix de civilisation. En fin de compte nos solutions ne répondent jamais aux véritables problèmes posés, mais toujours à des intérêts de classe, dirait les marxistes, mais, essentiellement, à un déficit anthropologique, un déficit de pensée sur l’humain.
Il ne s’agit plus de représenter des modèles de solutions, mais de poser de nouveaux modèles de question, au vu de notre expérience et de nos savoirs. Et enfin d’éradiquer tout dogmatisme de nos prétendues solutions aux problèmes d’autres époques.
L’humanisme n’est peut être pas un progrès ? Le réchauffement accéléré du climat de l’anthropocène pose une question. Le financement public des artistes et des politiques pose exactement la même.
Quelles représentations peut on désormais donner de « l’évolution », afin …qu’elle ait lieu ?
N'étais ce pas la question de Rousseau lui même ?
Quant à filer la métaphore, faut il encore en trouver le germe.
Voilà certainement la question du théâtre aujourd’hui.