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L'Agrithéâtre

L'Agrithéâtre

le lieu culturel qui se construit avec ceux qui sont là


To be or not to have

Publié par Agrithéâtre sur 23 Janvier 2022, 01:08am

Il y a cette légende entretenue par Jouvet entre autre, Stanislavski aussi, d’un « personnage » de théâtre. Le personnage de Dom Juan, ou de Macbeth, de Célimène etc…Nous assistons là à des figures, des archétypes. L’acteur cherche à approcher, voire à incarner ce « personnage ». Mais à y réfléchir il n’y a pas de « personnage », il n’y a que de la littérature. Là où il y a chez l’acteur un abord possible de cette opération de « faire exister un personnage », c’est dans le désir.

Je reviens à ce que Lacan dit dans le séminaire de 1958-59 sur le désir : il dit (je cite) le désir semble entraîner avec soi un certain quantum en effet d'amour, c'est justement et précisément, et très souvent d'un amour qui se présente à la personnalité comme conflictuel, d'un amour qui ne s'avoue pas, d'un amour qui se refuse même à s'avouer.

L’acteur ne peut aborder un rôle que dans « l’amour de son personnage », à savoir de devenir le sujet même de la lettre, de l’écriture donc. Qui va par son souffle devenir parole, mais dès lors parole de l’autre ( l’auteur) qu’il (l ‘acteur) va attribuer au personnage. Il me semble par là, et je ne crois pas trop tordre la pensée de Lacan, que l’art de l’acteur est avant tout une conscience du sujet divisé, voire « feuilleté ».

Lacan  dira plus avant

si je n'étais ici lié par ce que je pourrais appeler le rendez-vous urgent que j'ai avec mes « besoins pratiques expérientiels » je me serais permis une interrogation sur le sujet du sens de ce mot « désir », auprès de ceux qui ont été plus qualifiés pour en valoriser l'usage, c'est à savoir les poètes et les philosophes. Je ne le ferai pas, d'abord parce que : – l'usage du mot « désir », – la transmission du terme, – et la fonction du désir dans la poésie, …est quelque chose que, je dirais, nous retrouverons après coup si nous poursuivons assez loin notre investigation.

Il semble nous ramener aux poètes et aux philosophes comme étant les « champions » d’une valorisation du désir.

Lacan pose le désir comme lié au plaisir, à l’amour et plus loin, la libido étant l’énergie psychique du désir. Dans ce désir d’être « autre » chez l’acteur, le problème n’est pas d’épouser le personnage ou d’attendre de celui ci une énergie libidinale qu’il n’a pas, mais de mettre la sienne propre au service de ce « personnage ». Je pense à ces acteurs masculins  Japonais qui jouent toute leur vie des personnages de  femmes et finissent par avoir des douleurs menstruelles régulières. 

Le problème devant lequel se trouve l’acteur est celui du désir. Peut être même que le théâtre est l’art où ce problème se pose avec une acuité très vive. C’est ainsi que souvent de jeunes acteurs sont pris de passion pour un personnage et constatent que le jouer les dépasse, car le désir que mettent en jeu ces objets littéraires est disproportionné à leurs expériences, et c’est toujours ce dilemme chez l’acteur qu’il doit porter son rôle pour que son rôle puisse le porter.

Donc mettre au clair son désir.  Celui d’être acteur pour avoir le personnage.

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