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L'Agrithéâtre

L'Agrithéâtre

le lieu culturel qui se construit avec ceux qui sont là


Humeur noire, peut etre ? Résolution avant liquidation. Cet écrit date du 2 février 2023. Un an déjà.

Publié par Agrithéâtre sur 28 Janvier 2025, 12:36pm

 

Agrithéâtre le 2 février 2023

  Un an déjà. Je me décide à publier ce post sur le Blog. 

Tous les secteurs de la société sont touchés. Les médecins, infirmiers, professeurs, commerçants, éducateurs, artisans s’interrogent sur leurs métiers. C’est le propre d’une situation pré révolutionnaire. J’entend ce terme non au son du grand soir mais plutôt comme la fin d’un cycle, et l’entrée dans un autre temps, avec peut être une violence, inconnue encore, qui tarde  à se mettre en mouvement. Car l’inertie sociale est très grande. Et les modes habituels de contestations, sont désormais relativement inefficaces dans leur routine nostalgique de lendemains, certes couronnés de quelques succès dans un passé de légende.

Devant la tension croissante en Europe, et dans le monde, je m’interroge sur l’acte théâtral, et les compagnies professionnelles ou amateures qui le pratiquent, au gré de festivals et de séances pour les scolaires. Le théâtre parle du monde depuis toujours, et dans les moments les plus brûlants de l’histoire, l’acte théâtral a toujours été bouleversé. Je dirai politisé. Il a du s’engager à détruire, et à réveiller.

Et je trouve actuellement très faible cet ébranlement des codes, des conventions, des académismes et la façon qu’il y a de parler du monde, d’interroger l’époque. La violence de nos sociétés mondialisés par le commerce et les réseaux sociaux, cette violence conceptuelle, ce moment de l’histoire  vide de penser , qu’il soit pragmatique ou métaphysique, ne trouve pas ( ou rarement ) de théâtre ( d’auteurs, de metteurs en scènes ) à la hauteur du formidable  « glissement », pour employer ce terme d’Arthaud, auquel nous sommes soumis.

Comme l’a écrit Walter Benjamin, notre tâche aujourd’hui n’est pas de faire avancer le train du progrès historique, mais de tirer la pause d’urgence avant que nous ne finissions tous dans la barbarie post-capitaliste.[1]

Le Bead and Puppets s'adressait à la jeunesse pendant la guerre du Viet Nam

Une amie me parlait d’un spectacle relativement questionnant, plein d’émotion, qui avait ennuyé les spectateurs. Quelques jours plus tard ces mêmes spectateurs riaient à une comédie mettant en jeu des ficelles usées. Mon amie était atterrée.  Ce que veux le spectateur c’est que quelque chose « se maintienne ». Se maintenir comme « avant », avant quoi on se le demande, telle est le désir de l’homo socius en ce début du XXI° siècle. Alors que la question du « devenir » est écrasante et n’est pas interrogée. Qu’allons nous devenir ? Que tentons nous de « maintenir », qui craque, s’effondre, geint, qui nous renvoi ce miroir de notre humanité avide de se divertir comme les citoyens de Rome avant son effondrement.

Le théâtre aujourd’hui ne doit il pas questionner et rassembler au-delà des classes, et des âges, et envisager de se heurter à notre désarrois, qui au lieu de nous effrayer devrait nous réunir et nous donner la force de nous élever au-delà de cette banalité humaine, animale dans ce qu’elle a de plus premier, que nous devrions dépasser pour nous élever à la hauteur de notre humilité. Retrouver un orgueil joyeux.

Je dis clairement et simplement : il y a un théâtre dont je ne veux plus, ce théâtre bourgeois bien fait propre, lissé, qui ne représente plus rien, qu’un passé de classiques, un académisme modernisé, une esthétique de bazar scolastique, pétri de sentimentalisme. Il nous faut un théâtre quantique. Un Autre théâtre. Je m’y emploirai tant que mes forces me le permettront. Avec ceux qui sont là, près de mon idée. Sans pour autant prétendre donner de réponse, ou clamer une vérité. 

Je ne veux pas qu’au terme de ma vie d’artiste, quelqu’un puisse dire de ce que j’appelle avec humour mon ouvrage, que je ne l’ai pas mené jusqu’au bout, jusqu’à son terme. Qu’il soit tout entier dédié à ce que le théâtre engage, implique, exige, offre du monde, dans une traversée splendide de la vie elle-même, avec tout ce qu’elle a de ridicule, la vie, en fin de course, avec tout les acteurs râtés de ces farces grotesques. Tenter, comme dit Shakespeare, de «  faire naitre le rire dans la gorge déployée de la mort ».

 

 

 

 

 


[1] SlavoJ Zizec

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