« Je parlerai, donc, d’une lettre.
De la première, s’il faut en croire l’alphabet et la plupart des spéculations qui s’y sont aventurées. »
C’est ainsi que Derrida commence son texte sur la différAnce. Ce A est une faute d’Orthographe mais ouvre un espace dans le temps. Puisque différer c’est remettre à plus tard, moment opportun, ou plus propice à la chose.
Dans le texte "Europa, le testament d'Aleph" je parle avant tout d’Aleph, de cette première lettre donc, en Hébreux Samaritain, ou encore en proto Cananéen, cette lettre venant du Copte alpha, et qui déferle dans les alphabets Méditéranéens, mais aussi dans la critique contemporaine de l’occidentalisme, comme un ressac Africain oublié des empires nègres. Que nos origines anthropologiques soient Africaines, là n’est pas la question, il semble bien que au gré des réchauffements suivant les glaciations, les migrations trans méditerranéennes aient peuplé le continent Europe Asie, avant que d’autres facteurs climatiques et techniques aient déclenché l’implantations sédentaires de nomades indo-asio-slaves, eux-mêmes issus de migrations noires.
Le problème n’est pas ethnique, mais graphique. Profondément culturel. Il semble bien que le berceau de l’écriture phonétique soit bien méditerranéen. Aleph est le taureau, le taureau Zeus qui enlève Europe, et lui donne la puissance de l’écriture phonétique. Que la Grèce en soit, avec la Crête, le théâtre, cela semble difficilement contestable, d’autan que rien du côté Egyptien à part les nombres, et une écriture administrative et ésotérique du pouvoir des prêtres, ne laisse des traces de récits cosmogoniques et mythiques aussi puissant que le sont ceux d’Homère et d’Hésiode.
Tout commence là, par Aleph et ce mythe du viol d’Europe. L’Europe, à savoir la pensée occidentale viendrait d’un viol. Récit oral ou écrit, ce « viol » ? Qu’en est il des écrits, Bible, évangiles, Coran, Poéme d’hésiode et d’Homère. La mythologie Grecque est avant tout de l’oral transmis puis retranscrit par des scribes, ainsi que la bible et ces textes dits sacrés. Tout est écriture.
Notre époque forte de sa datation au carbone 14, et de technique archéologiques et historiques très puissantes, est confronté à la fois à une « Cancel culture » et à des revendications historiques affirmant la négriture d’Europe. Le grand creuset a été l’Empire Romain, et sa capacité à légiférer. Il a été balayé par Paul de Tarse, et la christianisation des peuples, y compris les barbares qui déferlèrent sur l’Europe.
La construction de la pensée occidentale est d’une très grande complexité. Les courants de cancel culture Woke, voudraient aujourd’hui ramener la pensée occidentale à une furie de violeurs colonisateurs et esclavagistes. Ceci est réducteur, et relativement stupide. Je dis stupide car penser c’est aussi tenir compte du langage et de ses productions. Nous devons compter avec le fait que le langage ne peut en aucun cas donner une « image » du réel, mais plutôt une interprétation de celui-ci, à un point donné de l'histoire. Une interprétation poétique.
J’en reviens dès lors à Lacan qui dans son séminaire « encore » nous dit : « qu’on dise se cache derrière ce qu’un entend de ce qui se dit. » et Lacan de préciser le subjonctif de la phrase. Donc une supposition. Toute affirmation, annonce de vérité, ne peut qu’être une tentative d’approcher ce qui nous échappe. Que ce soit Dieu ou l’inconscient, là n’est pas le problème. Le problème c’est que quelque chose nous échappe. Ce qui nous échappe est alors le Réel. De lalangue à l’écriture, du dire au dit il y a perte. Comme dans la traduction aussi. Le réel serait cette perte. Etrangement l’écriture a été l’arme du ( des) pouvoir (s). Pouvoir symbolique, le phallus, et sa manifestation inconsciente le pouvoir politique. Mon propos est bien celui d’une pensée occidentale, la critiquer demande d’en respecter le trajet historique et symbolique. L’Europe est un creuset formidable, sa pensée a été nourrie par toutes les influences successives des invasions. La pensée mathématique s’est développé par les échanges épistolaires entre tous les intellectuels qui l’ont habité, jusqu’à bouleverser ses dogmes, de Ptolémée à Copernic, de Newton à Kepler, ainsi de suite. Une créativité formidable et lente. Lentement détruite par l'industrialisation, et les codes numériques des machines ordinateurs.
Pourquoi l’Europe, et pas l’Afrique, le moyen Orient ou encore l’Egypte ? La réponse est complexe, et les interprétations qui se prennent pour affirmations restent encore à affiner entre le symbolique et la réalité. Il faut se méfier des affirmations sur les flux migratoires et leur utilisation à des fins hégémoniques. Qu'Europe soit Africaine, est un concept sérieux et envisageable, que la pensée Européenne soit issue des empires Africains, me semble plus être une propagande des frères musulmans qu'une réalité historique fondée.
Benjamin S.
Article en cours de rédaction