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L'Agrithéâtre

L'Agrithéâtre

le lieu culturel qui se construit avec ceux qui sont là


Chronique de lectures peu recommandables : Homo Sacer de Giorgio Agamben

Publié par Agrithéâtre sur 7 Octobre 2024, 18:45pm

En cette époque sublime par l'étincelle de son esprit, il est parfois bon de relire certaines pensées, mises à l'écart pour ...plein de raisons réactionnaires. C'est ainsi que poussé par ma petite fille, Louise, étudiante en Philosophie à Bordeau, j'ai été amené à relire "les mots et les choses" de Michel Foucault.

J'étais alors en train de découvrir l'"Homo Sacer" de G.Agamben, philosophe italien contemporain.

 Je me suis donc confronté à  ce passage très difficile, mais Ô combien éclairant dans le livre mythique de Foucault sur le travail de  Cuvier [1].  Je laisse de côté ici ce travail  de Foucault sur Cuvier, qui bouleverse la classification des espèces, et quelque part du coup la linguistique, les mots et les choses... J’y reviendrais un jour prochain certainement.

Je me suis alors remémoré ce concept d'Hétérotopie, dans la préface de Foucault du livre en question. Et j'ai bien sûr fait le pont avec Agamben et son introduction à propos du lien entre Zoé et Bios,  et l'introduction du concept de vie nue

Il m'apparut combien ces pensées, remontent aux racine du logos ( disons des mots ) de notre humanité. Ce Logos est aujourd'hui pulvérisé par le numérique, soit la voix et l'écriture dans la différance temporelle et corporelle   que nous infigent le téléphone et le SMS. Nous ne sommes plus dans la pensée, mais dans la communication, choses que les animaux, et ceci sans les mépriser, bien au contraire, font depuis fort longtemps. Nous communiquons des informations. Non des idées, des concepts, ou des élaborations créatives spontanées. 

Le Zoé, c'est, nous dit Agamben, et il le traduit ainsi : la vie nue. La plante, l'animal, a (ou est) une vie nue, l'homme aussi d'ailleurs, mais cette vie, du fait du langage, devient du bios, à savoir une vie organisée politiquement par le logos. 

Foucault nous dit que nous sommes à l'ère de la Biopolitique, à savoir d'une politique qui outrepassant sa "mission" première d'organiser la vie des hommes, en société, de s'occuper des relations entre personnes, s'occupe désormais du corps de l'individu. Ce corps étant contraint, modelé, modifié, et son ethos rendu à une sorte d'individuité gérable numériquement suivant un flux déshumanisé et malléable pour un télos libéral pensé par et pour les intérêts de quelques uns.

Au sein de cette biopolitique, nous dit Foucault, émergent des hétérotopies, le concept est de lui. Une hétérotopie est un lieu "absolument autre", mais qui ressemble à (aux) autre(s). L'Agrithéâtre ressemble à un théâtre, mais sa « théâtralité » est radicalement autre que celle d'un théâtre municipal, national etc..

L'hétérotopie questionne les lieux de l'institution, donc normés par elle. En ce sens l'hétérotopie a une fonction démocratique, puisque questionnant la norme. Elle agit comme "exception" au sein d'une règle. Cette règle n'existant que parce que précisément existent des exceptions. Et c'est sur cette notion qu'agit la pensée d'Agamben, sur cette notion d'exception. De lieu autre. 

Je cite ici quelques phrases d'"Homo Scacer"qui ont conduit ma réflexion dans ce post.

Il faut que l'ordre soit établit pour que l'ordre juridique ait un sens. .../...Le cas d'exception révèle avec la plus grande clarté l'essence de l'autorité de l'état .../...Le souverain, à travers l'état d'exception, établit et garantit la situation, dont le droit a besoin pour entrer en vigueur. Mais quelle est cette "situation", quelle est sa structure, dès lors que celle ci ne consiste que dans la suspension de la norme ?.../... C'est seulement parce que la validité du droit positif est suspendu dans un état d'exception, que celui ci peut devenir le cas normal comme le cadre de sa propre validité[2].

 

Dans la mesure où les hétérotopies se multiplient, l'exception devient la norme, l'extérieur devient intérieur, et dès lors la question devient une question topologique, une bouteille de Klein, où l'extérieur EST aussi l'intérieur. On voit dès lors que la question de la souveraineté revient à savoir discerner l'extérieur de l'intérieur, la nature de l'exception, la Physis du Nomos.[3]

L'état d'exception constitue donc moins une suspension temporelle, qu'une figure topologique complexe, dans laquelle non seulement l'exception et la règle, mais aussi l'état de nature et le droit, le dehors et le dedans passent l'un dans l'autre.[4]

 On voit bien aujourd’hui l’impuissance du pouvoir, qui, face à la monté des fascismes comme réponse à une déstabilisation d’un Bios malmené par l’immigration due à diverses causes aussi bien naturelles que politiques, tend à convoquer ( invoquer) l’ordre, l’ordre, l’ordre comme seule réponse à une pénétration de l’état de nature dans l’état de droit, donc une subversion par le fascisme comme état d’exception dans l’ état de droit,. Suspendant toutes les règles démocratiques et toute la pensée humaniste.

Les hétérotopies sont en quelque sorte des contrepouvoirs nécessaires pour construire un nouveau Bios sur d’autres règles qu’une exception visant à maintenir une souveraineté que l’on peut qualifier d’hors loi naturelle.

Revoir léo Strauss à ce sujet.

Je pense que nos politiques ne réfléchissent plus à rien d’autre qu’à se maintenir. Le reste du monde s’organisant pour survivre.  Se maintenir ou survivre, deux points de vus très différents !

(Encore à suivre et à penser)

 

[1] Jean Léopold Nicolas Frédéric Cuvier1,  né le  à Montbéliardet mort le  à Paris, est un anatomiste Fraçais promoteur de l'Anatomie comparée et de la paléontologie au XIX° siècle 

[2] Giogio Agamben – Homo Sacer – Seuil 1997

[3] Nature et Loi.

[4] Giogio Agamben – Homo Sacer – Seuil 1997

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