L'impossibilité de définir le politique, c'est la déconstruction.
On s’en remet aux grecs, pour l’invention de la démocratie ; on s’en remet aux lumières , pour l’invention des droits de l’homme, on s’en remet à Marx pour une critique du capitalisme, à Hegel pour la dialectique du maitre et de l’esclave, et ce toujours et sans fin, avec un aveuglement stupéfiant. Cet aveuglement est essentiellement universitaire et libéral. Toutes les institutions sont vieilles, et ne répondent plus aux questions écologiques et existentielles. Seule la jeunesse peut réagir et faire œuvre de proposition et de déconstruction.
Encore un mot suremployé, comme s’il semblait promettre. Quoi ? Mais un rebricolage du monde, avec les mêmes pièces, capitalisme vert, formation continue, énergie renouvelable, agriculture bio, la liste est longue. Non, la déconstruction ce n’est pas ça. Il ne s'agit pas d'expliquer, mais de déplier, de rendre compte de l'héritage dont le texte est le gardien. Aucun pouvoir ne saura jamais justifier ce questionnement critique, qui ne renonce pas à la raison mais revendique au contraire une "hyperrationalité", inconditionnelle, qui suspend toutes les conventions préalables.
Le projet Derridien flirte avec l’impossible, mais seul donne l’ouverture du possible, et c’est devant cette chose que vont se trouver les jeunes générations. La question écologique est une question hors normes, nous qui précisément bornons et normons tout. L’heure est à quitter les chiffres et se réconcilier avec le spirituel, l’invisible et l’animal. Bref, le vivant.
J’entend aujourd’hui d’anciens éléphants du PS rendre responsable de l’effondrement de ce parti leur propres collègues, Ils tiennent des raisonnements et des paris sur un premier ministre à nommer incessamment, par un président innommé en quelque sorte par un a-peuple, « a » privant ce « peuple » de son existence même : il n’y a plus de peuple, seulement des individus perdus dans le langage, langage détruit par la fabrication néolibérale du désir. Le président n’est plus représentatif sauf des rouages capitalistiques qui font tourner une machine qui est totalement dépourvue d’intelligence, dans le sens où nous sommes censé désormais prêter à la machine cette caractéristique humaine, et animale. On ne parle, remarquez le bien, d’instinct machinique. Si vous massacrez un ordinateur à coup de marteau, il se laissera faire, un tigre non. Summum de soumission chez la machine, qui remplace l’homme insoumis. Volonté totale de soumettre l’homme à un avenir sans réflexion, un avenir plat, dans un monde plat, où le désir même est fabriqué.
Déconstruire la mort, voilà le projet présent. Et cette fameuse déconstruction commence là. Mais déconstruire la mort c’est aussi déconstruire la vie, et l’on voit assez vite que ce mot se passe de définition, car son essence est peut être aporétique, dès lors méfions nous de son emploi. Restons en au fait que la déconstruction doit être une grâce, avant tout.