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L'Agrithéâtre

L'Agrithéâtre

le lieu culturel qui se construit avec ceux qui sont là


Colloque pour en finir avec...

Publié par Agrithéâtre sur 30 Juin 2023, 10:28am

 J’avais  mentionné dans un post précédent sur ce blog un colloque visant à dénoncer la pensée de la déconstruction, comme nuisible au fonctionnement de l’université et à « la santé mentale » de ses étudiants. Il semble que la pensée « Wok », venue des états unis s’infiltre dans nos universités. Ce mouvement militant contre le paternalisme, le dé-colonialisme, la pensée genrée etc… questionne l’homme blanc chrétien hétérosexuel cher à l’extrême droite. Jordan Bardela était d'ailleurs un des intervenants. Il faut trouver un coupable ou plutôt une cause à ce Wokisme. Cette pensée née dans les campus Américains, semble avoir pour origine la « French théorie », ce mouvement philosophique Français imputé à Jacques Derrida principalement, auteur du concept de « déconstruction ». Le bouc émissaire étant trouvé, les penseurs de droite crient haro sur le baudet, et fustigent la pensée Derridienne, et son auteur devenant le coupable d’un basculement sociétal entraînant la jeunesse dans une dérive sans lendemain, perdant son identité de genre, bousculant sa sexualité dans un transgenre incompréhensible etc…

La plupart des détracteurs de Derrida, n’ont pas lu l’œuvre de ce philosophe, et c’est dommage car s’il y a bien une pensée nouvelle, qui rebat les cartes de la philosophie, c’est bien la pensée Derridienne. Je lis ce philosophe depuis plus de vingt ans, et si je reconnais le travail que demande cette lecture, j’ai été ébloui par une telle nouveauté dans la pensée philosophique. Comme ses confrères structuralistes Lévy Strauss, Foucault, Barthes, Althusser il renverse les tables en faisant une lecture nouvelle de textes connus pour avoir changé le monde.

Il revisite Artaud, « psychanalyse » Rousseau dans le texte, explore l’origine comme le concept « absolu » de l’histoire humaine. Toutefois il ne produit pas de concepts, comme Deleuze peut le faire en définissant la philosophie comme précisément la création de concepts. Derrida indique des passages entre les concepts. Lorqu’on pose la question à Derrida : Qu’est ce que la déconstruction ? L’homme répond, je ne sais pas.

Déconstruire est un passage, on pense ailleurs, autrement, on prend un risque, mais surtout et c’est là l’erreur des Américains avec Derrida, on ne se sert pas du mot pour créer du trouble, militer pour une destruction des codes phalliques, mais pour aborder un penser autre, différent. La déconstruction est une pensée de la différence, tournée vers l’accueil, le pardon, l’absolue, l’altérité, Autrui. Elle peut devenir mystique, et c’est l’écueil, ou combative, voire guerrière et c’est l’erreur. Le mot de Déconstruction est employé dans un contresens permanent, et la pensée libérale contemporaine en fait un outil parfait pour virer dans le continent fasciste, en brûlant les livres de ses fondateurs, et la pensée dite de 68.

Pour rabattre ces réflexions sur la question du théâtre, que pourrait vouloir dire « déconstruire le théâtre ». Et n’était ce pas déjà le projet du « théâtre et son double » quand Artaud posait la question de la psychologie, du théâtre Balinais, de la cruauté. Le théâtre occidental est pris dans la langue, dans la psychologie, la morale, des valeurs d’honneur, de charité, de sacrifice, autant de choses que nous glorifions, et que les privilégiés tiennent pour marquages solides d’une sécurité, d’une permanence de nos sociétés.

Au moment même où les valeurs s’effondrent, où la jeunesse loin d’espérer, désespère à trouver des pistes à son avenir climatique, le théâtre se doit d’inventer des voies qui nous conjuguent. Et c’est difficile, cela demande de quitter le dialogue, le monologue, de bâtir d’autre métaphores, une autre rhétorique, une autre temporalité, d’autres émotions. Cela est le travail de la déconstruction, celle de la forme, du sens, de l’histoire. Mais ce risque de détruire fait peur. C’est à cette peur que réagissent les esprits conservateurs, et les artistes institutionnels, grands consommateurs de tradition finalement. Nous avons perdu le chemin du petit poucet, et devons semer des cailloux pour marquer le notre.

En toute humilité.

( à suivre ).

 

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