L'épigone est une pâle copie du maitre, un faussaire quelque part, un quasi usurpateur, un peu comme ces descendants des techniques Grotowskiennes qui sont dépositaires d'un savoir oublié. Suis je Grotowskien ? Je m'interroge, mais je me sais inspiré par tant de nombreuses techniques, que j'en choisit ma technique : en tant que géomètre je décide le cercle comme instituant le théâtre, et son centre comme un absolu des arts. Mon Grotowskisme est spirituel et philosophique ( géométrique donc ), et le théâtre est le seul maitre. Le travail à l'épuisement que m'impose le maitre j'en confie désormais la charge à l'intelligence de l'acteur. Etre acteur c'est être dans un engagement absolu et total. Ce que Grotowski nomme l'acteur saint, hors des circuits de cours où sévissent précisément les épigones de l' institution :Les acteurs courtisans.
Quand je m'attaque à l'institutionnel, ce n'est pas que j'ai une frustration quant à un manque de reconnaissance, c'est très précisément à l'endroit Apollonien du théâtre, soit un type esthétique qu'à façonné une Bourgeoisie disons Bonapartiste.
Nietzsche désigne Euripide comme étant le poète d'une modernité antique, une certaine évacuation du tragique, qui installe cette tendance en procédant à des exclusions symboliques et imaginaires.
Je reste attaché à des metteurs en scène comme Tadéus Kantor qui ont donné au théâtre occidental du XX° siècle un style et une puissance autre. De telles audaces nées de la résistance au Fascisme sont indiscutablement des modèles inspirants pour un théâtre à venir qui doit quitter enfin les ornières de son usure esthétique.
Qu'il y ait un conservatoire de la comédie Française est une bonne chose quant à la conservation d'une écriture témoignant d'une histoire. Ainsi l'art des musées reste l'écriture d'une trace. Il semble nécessaire aujourd'hui et de tout temps d'ailleurs de continuer à chercher les limites de l'art suivant un vecteur anthropologique, et non économique, même si le secteur numérique semble proposer des directions différentes, mais à mon sens totalement déshumanisantes.
Quoiqu'il en soit de mes choix artistique, il n'en reste pas moins que le théâtre reste un art très ancien , et qui voit hélas son évolution faiblir suite à un glissement du politique. Nous sommes aujourd'hui dans une massification culturelle, à savoir des processus d'individuation via les réseaux sociaux et une information très désordonnée et irréfléchie , conduisant à des gouvernances réactionnaires face à un pouvoir libéral ivre de croyance en la science et ses promesses.
Il me semble que le théâtre, en tant qu'art primitif, ancien, doit pouvoir résister et surtout interroger ces processsus. Ce n'est hélas pas l'institution qui le favorise, car elle est indiscutablement dans un conservatisme qui lui semble rester le garant d'une pérennité. Revisiter à l'infini des classiques reste le choix d'une bourgeoisie conservatrice de ses privilèges culturels et financiers. L'écriture des textes introduit une permanence de la différance, qui ramène la temporalité de la parole à la mort. Et le théâtre dans l'institution d'un répertoire diffère sans cesse la possibilité d'effacer une origine pour constituer une nouvelle trace, celle d'un présent de la parole, dont la représentation semble le porter garant.
Il est effectivement l'art de la différance.
Je fais suivre cet article d'un autre sur ce grand penseur du théâtre qu' a été E.G Craig