Et pour cause, ce « encore », car toujours est à défaire la tapisserie, pour ne pas subir la loi des prétendants. D’ailleurs ont-ils une loi, et si oui, d’où la tiennent ils ces prétendants. Léo Strauss nous met au cœur du problème actuel. Il nous donne des clefs pour en penser le tragique au plus près d’une déraison à l’œuvre, à moins que cette déraison ne soit le visage de la vérité.

Notre siècle est sous le ciel du réchauffement climatique, en conséquence la pensée politique est toute heurtée par cette hyper réalité, qui est même en quelque sorte l’émergence dans nos constructions sociales ( et artistiques) du réel lui-même. Nous sommes restés dans la caverne de Platon, nous dit Strauss, notre pensée est historique, elle est propre à une époque, un moment de l’histoire. Aujourd’hui nous pensons « diminution des gaz à effet de serre ». Et strauss nous le dit : « Nous sommes libres, au sens où nous sommes libres de choisir dans l’angoisse notre vision du monde et les critères que le destin nous impose, ou bien de nous abandonner à une sécurité illusoire ou au désespoir. ». Et à ce propos nos politiques savent que la partie est jouée et qu'ils ne peuvent en aucun cas l'annoncer. Ils sont interdits.
Le destin est ce dont la pensée ne peut se rendre maître nous dit encore Strauss. C’est une notion impénétrable.
Le progrès pour lui, est un simple « déplacement de terrae incognitae ». Toute découverte n’est que momentanée, nos progressions se font au nom d’un certain oubli, ainsi la pensée d’anciens philosophes, pour qui l’avenir était inconnu et pour qui la vie était encore ramenée à l’ l’organisation d’une économie familiale, est réduite à l’oubli au profit d’une quête d’énergies dites renouvelables.
Il a fallu que la quête des universalismes fut détronée par la pensée historisciste, à savoir liée à une histoire, une culture, une habitus, et ce faisant la pensée historisciste fut séduite par le particulier, qui détrona l’universel. C’est ainsi que la pensée historique devint un positivisme, et bascula vers un nihilisme, nous dit Strauss : « la pensée historique contient une contradiction interne, c’est qu’elle est elle-même pensée historique, et donc ne peut juger d’une quelconque universalité ».
Nous somme à ce point aujourd’hui que si le libéralisme était une utopie de la pensée historique, et s’affirmait comme un universel, aujourd’hui, son basculement post libéral, plutôt que néo libéral, l’entraine dans son absurdité, et l’humanité servile avec lui qui a besoin de croire et de trouver des dieux, pour croire.
Il semble aujourd’hui que le retour en arrière de la pensée politique, à savoir des nationalismes, qui s’opposent à un universalisme truqué par les post libéraux, ne soit inéluctable et doive passer par des bouleversements brutaux, barbares, et si soudains, que nous nous repentirons un jour d’avoir si peu réfléchit au fait que le droit naturel est une réalité tangible, et que celui établit par les politiques n’est qu’un mensonge éhonté, l’impossibilité humaine d’accepter ce que Strauss appelle le destin.
Ces questions, si vous l'observez bien, sont la matière même de notre spectacle. Dans le moment des lumières se construit la pensée libérale, qui semble être une "libération", dont va s'emparer la révolution Française. Et notre héro, Alceste, n'est il pas pris entre deux pensées réactionnaires l'une envers l'autre, la pensée libérale ( économique donc ) portée par les jésuites, et la pensée anti autoritaire ( contre le roi et le pape) portée par les jansénistes, et enfin les développements historiques de Mme Dupin, qui vont "troubler" l'esprit d'Alceste, jusqu'à ce "Carnaval populaire et païen", qui reste la respiration humaine indispensable pour subir son destin, ce Dionysiaque si cher à Nietzsche.
Benjamin S.