Structures dissipatives

Publié par Agrithéâtre sur 20 Décembre 2024, 15:39pm

Un système dissipatif est un système qui évolue dans un environnement avec lequel il échange de l'énergie ou de la matière. C'est donc un système ouvert, loin d'un équilibre thermodynamique .

C'est un physicien Russe, Ilya Prigogine qui a établit le concept de stucture disspative, et qui vient d'écrire ces lignes dans une préface :

Nous vivons un changement de société rapide et profond car la rationalité moderne, l'approche patriarcale et le capitalisme ne peuvent plus répondre aux problèmes de notre temps. Si l'Europe comprend que la modernité qu'elle a contribué à créer touche à sa fin, elle peut entrer dans la société de la connaissance en capitalisant sur tout ce qui apparaît aujourd'hui comme des handicaps: la diversité culturelle, la solidarité sociale et familiale, la promotion de la femme, la solidarité avec le Tiers-Monde, le sens du beau et des valeurs humaines et spirituelles. En apparaissant sage, l'Europe peut contribuer au réenchantement du monde.

Ilya Prigogine, Prix Nobel de Chimie 1977

Tout cela m'amène à penser au regard du travail des groupes de théâtres aussi bien professionnels qu'amateurs que je rencontre, que plutôt que de penser forme, il faut exploser le sens.

Un groupe de théâtre est une stucture dissipative. En vouloir la stabilité est utopique et insensé. Certaines « troupes » arrivent à se maintenir un temps au nom d’un « entre soi » particulier.

De même que toute transformation passe par un état de désordre, mesurée par son entropie, les groupes de théâtre se disloquent et souvent disparaissent. Il faut qu’ils demeurent des systèmes ouverts, et non des entre-soi fermés par des fédérations ou encore des idéologies vieillotes. Rien n'est prévisible, et le chaos est au coeur du vivant. Dans les années qui vont suivre, le théâtre va regagner une place puissante, à condition bien sûr de quitter les voies conformistes que nous tracent les institutions. Ces institutions ne vont pas tarder à s'effondrer, la sécurité de l'intermittence ne correspond plus à une réalité d'époque, ça n'est qu'un privilège qui assèche la créativité, cette créativité, cette inventivité que l'on enlève d'abord aux enfants, dans nos écoles. L'institution clos le principe dissipatif, elle en fait un système fermé qu'elle modèle à sa convenance, au gré de la mode. Donc de la mort. Il faut réunir, chercher, offrir, ouvrir, enchanter le vivant jusqu'à l'aurore d'un autre monde. Sans relâche. Les mouvements féministes actuels nous donnent des directions, à condition bien sûr de ne pas les fermer par des dogmes. Il faut conserver cette notion de structure dissipatives dans les constructions communes , sans chercher une sorte de stabilité, de sécurité qui n’est que le phantasme d’une humanité déclinante.

Benjamin S.

Impression tenace.

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vinial stéphan

23/01/2025 15:29

Il faut bien dire que nous sommes en plein désarroi, accrochons-nous aux rêves....et à la réalité<br /> Il me semble reconnaitre Peter Brook qui illustre ton texte ! Alors ?

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Agrithéâtre

24/01/2025 10:30

Il s'agit effectivement de Peter. C'était un homme de "groupe" précisément. En 68 alors que l'agitation politique était à son comble _i avait crée un groupe avec entre autre François Martouret, Jeanne Moreau, Jacques higelin, Michel Piccoli, et dautres afin de travailler sur des protocoles d'exercices grotowskien. Ce groupe s'est vite dissoud certainement et on en avait peu parlé à l'époque. Pleins d'histoires sur le théâtre, de groupes comme le Wooster group, le Living, tenaient surtout à des maîtres, comme Brook, Malina, et d'autres. Le problème est souvent de ne pas dériver vers des sectarisme de pouvoir, mais vers des ouvertures de recherches libres, ce qui a été je crois celui de Brook. De pareilles initiatives à caractère philosophiques devraient surgir de nos jours, je n'en voit pa toujours les signes. Je vois beaucoup de jeunes attachés à obtenir des subventions du ministère. Cla me semble une erreur absolue. <br /> Merci du post.